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22 août 2015

"White Jazz" - James Ellroy

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Traduction Freddy Michalski - 1991

Après "Le dahlia noir", "Le grand Nulle part" et "L.A. Confidential", James Ellroy apporte une conclusion au "Quatuor de Los Angeles" avec "White Jazz". Nous sommes à Los Angeles à la fin des années 50 du XXeme siècle. Nous retrouvons les personnages des romans précédents ... Le lieutenant Dave Klein du LAPD travaille sous la direction de ED Exley qui roule pour les Républicains et couvre leurs basses oeuvres... A ses heures perdues Dave Klein fait aussi prospérer ses propres affaires de locations d'appartements plus ou moins sordises et roule pour certains truands de la ville. Entre son travail de policier, ses relations personnelles avec la pègre et les libertés qu'il prend lui-même avec la loi, pas simple de s'en sortir indemme. Bien des années après, retraité, il se souvient. Et ses souvenirs ne sont pas très rutilants ! Manoeuvrés par les politiciens locaux, pris dans les rivalités entre services du LAPD et police fédérale, menacé par la pègre locale, il joue gros ! Les méthodes sont expéditives et seuls les jeux de protection et d'influence lui permettent de s'en sortir plus ou moins bien... Sans oublier les règlements de compte : il n'hésitera pas à éliminer son propre coéquipier, trop curieux, trop génant, trop indépendant ... Le tout sur fond d'une histoire d'amour improbable avec un actrice de seconde zone, ancienne prostituée et d'une relation plus qu'ambigüe avec sa propre soeur....

C'est une fois de plus une vision très sombre de l'Amérique des années 50 que nous livre ici James Ellroy. Une Amérique minée par les compromissions entre police, politiciens et mafieux. L'Américain lambda n'a pas de place dans les romans de James Ellroy. Il est quantité négligeable et simple spectateur d'enjeux qui le dépasse ... 

Mais ce qui fait l'originalité de ce roman noir, c'est l'écriture plus qu'épurée d'Ellroy. Parfois à la limite du lisible et du compréhensible. Le style télégraphique employé sur des pages entières demande une concentration de tous les instants pour ne pas perdre le fil. Parfois, la lecture à haute voix devient presque nécessaire ...

" Entre - cette odeur - du sang. Ampoules de flash, costumes gris - continue.

Hall d'entrée gauche : deux bergers allemands morts.

Ecume à la gueule, outils éparpillés - bêche / cisailles / fourche, ensenglantées. Morceaux de bidoche, bave - traînées de dégueulis.

Poignardés / tailladés / empalés à la fourche - des entrailles, en tas.

Accroupi - écarte-leur les mâchoires - haut-le-coeur.

Chiffons - chlorure de stelfacteznide.

Ca colle - Kafesjian 459.

Avance / regarde / réfléchis - les costards qui se reculent :

Couloir d'entrée, en façade - disques brisés, couvertures d'albums par terre. Du jazz de Noël - ça colle - la lettre de maman.

Bouteille de gnôle / portraits : en miettes, écrabouillés - ça colle avec l'affaire K. Photos de famille - papa, deux filles.

Maman au mateur : "Tes soeurs".

Qui parle de suicide, suicide."

Mais derrière cette écriture si exigeante pour le lecteur, on sent aussi le policier aux abois, sur le qui-vive, en perpétuelle éveil. Contraint de replacer les éléments qui se percutent, se chevauchent, se contredisent parfois mais qui, à l'arrivée, ont une cohérence. La manipulation est omniprésente. Mais qui manipule qui ? Il faut attendre la fin du roman pour le compendre ...

Un long roman, une écriture complexe, une intrigue des plus sombres ... Pour passionnés de roman noir !

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