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30 mai 2015

"J'ai vu rouge" - William IRISH

J'ai vu rouge par Irish

Edition Folio - Gallimard -  n° 2151 - 1990 - Traduction par François de Mecquenem.

Prescott Marshall, 25 ans va se marier avec la belle Marjorie Worth. Employé à Wall Street, Marshall a de l'ambition. Il veut réussir, paraître et briller en société. Ce mariage avec Marjorie, la riche héritière c'est le marche-pied vers ce destin rêvé. Et pour ne rien gâcher, il l'aime. Amour partagé. Un avenir radieux attend les deux tourteraux ....

"Il eut le mérite de se rendre rapidemment compte que Marjorie constituait ce qu'une généraiton future devait appeler "de l'excellente publicité". Sortir avec elle représentait la meilleure des réclames. Toutes les têtes se tournaient sur son passage, et en même temps sur lui, l'homme qui l'accompagnait. Le gosse sorti de son village du New Hampshire faisait son chemin dans la grande cité".

Jusqu'à cette soirée manquée avec la belle pour cause de naufrage du Lusitania, nous sommes en 1915,  et de disparition de deux membres de la famille Worth. Et voilà Marshall, seul, qui erre dans les rues de New York, vers le quartier de Broadway, les bars, l'alcool, vers la tentation. Erreur fatale, dérapage incontrôlé. Nuit funeste dont il paiera le prix toute sa vie ...

"Ses semelles laissaient des dessins sur l'asphalte. Dessins en demi-cercles, en zigzags, en rond, de quoi s'y perdre.

Et puis, une paire de petites semelles à bouts pointus fit une timide apparition à côté des siennes. Elles vinrent suivre une route parallèle aux siennes, toute proche.

A partir de cet instant, il se sépara en deux. Lui, continua. Mais sa mémoire s'arrêta là et se refusa à l'accompagner plus avant".

Le jour du mariage, le pire arrive, Le jeune homme ambitieux devient meutrier. Ce geste et la peur panique de ses conséquences vont le hanter nuit et jour. Poursuivi par la terreur d'être retrouvé et condamné, il entraine alors sa femme dans une fuite loin de New York, vers la déchéance sociale et psychologique. Vers l'irréparable .

"La plus large, la plus lourde main du monde, lui étreignait l'épaule et le pliait en deux. Une main qui le secouait avec la force d'un tremblement de terre. Et secouait le monde entier avec lui. Qui faisait vibrer, tressauter, palpiter l'endroit où il se trouvait, quel qu'il fût. Un tremblement saccadé, disloquant tout.

Il savait, depuis toujours, qu'un moment viendrait où cette main s'abattrait sur lui. Il le craignait depuis des années, anticipant l'effet que cela lui produirait. Et c'était exactement comme il l'avait prévu. Cette impression d'impuissance absolue, de paralysie, vécue un millier de fois auparavant.

La main de Némésis, voilà ce que c'était. La main redoutée de la Vengeance poursuivant le Crime".

Comme dans tous les romans noirs d'Irish, le cauchemar s'installe progressivement, la violence latente est omniprésente et les relations entre les personnages, faussées par le mensonge, ne peuvent aboutir qu'à une issue dramatique. Dès le départ, on sait que tout cela va mal se terminer. Le talent d'Irish réside avant tout dans sa capacité à installer une certaine fatalité. On devine l'issue ; pourtant on se laisse prendre par cette angoisse du quotidien que subissent les personnages. Mais au delà, il y a chez William Irish, une certaine vision de l'Amérique, du rêve américain contrarié, de passions impossibles. Le pauvre et le riche ne peuvent se méler, l'un des deux ou les deux doivent y laisser leur peau.

Publié aux Etats-Unis en 1950,sous le titre "Fright", et sous le pseudo de George Hopley, puis en France en 1952, "J'ai vu rouge", contrairement à "J'ai épousé une ombre", à "La sirène du Mississippi" ou à "L'heure blafarde" n'a pas bénéficié d'une adaptation cinématographise. Il est donc moins connu du grand public mais il reste tout de même un classqiue du roman noir américain des années 1950. 

Un plaisir de lecture. A recommandé pour tous les amateurs de roman noir.

 

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